la valeur

Journée si chargée aujourd'hui. 

J'écoute "don't you remember" de la ptite Adèle. Ca me fait tant d'effet. Pourquoi? Parce que quand je vois mes parents j'ai envie de savoir s'ils se souviennent le mal qu'ils m'ont fait. Quand ensuite je me tyrannise seule, j'ai envie de m'arrêter et me dire mais t'es pas bien ou quoi, ça t'as pas suffit, t'as pas compris la leçon? T'es un cas desespéré!

Je me suis reveillée à 7h. J'ai fini de regarder un film. C'est l'histoire d'un gars qui passe 5 jours en HP et ça lui sauve la vie. Je l'avait déjà vu. Ce film me rassure. Me donne de l'espoir. Je me suis rendormie. Je me suis reveillée le coeur battant trop fort, mon corps tremblant... J'ai attendu de me calmer, ça a mis du temps.  Il était 13h 15 Je me suis lavée, j'ai mangé, j'ai filé aux halles avec la carte bancaire de mon père. J'ai pris tout ce qui me venait, à peine essayé. Jamais autant été efficace.

Il faut que j'appelle le coiffeur.

Il faut que j'appelle le refuge dans mon quartier, pour savoir si je peux y faire du bénévolat. Peut être que en fin de compte je suis pas prête.

Et aussi que je dise à ma psy que je suis prête, que je voudrais qu'elle me donne des exercices. Ca serait cool de vivre. En ce moment le livre que je lis, c'est "je veux vivre". Instructif.

Je suis fatiguée. Peut être que mon corps ne tiens pas la longueur, que des choses encore ne vont pas. 

J'aimerais tellement être parfaite. Mais y penser aussi souvent, ça me rabaisse tellement..

Je ne me prends pas la tête ce soir mais quelque chose en moi me dit "vas y, pense, réfléchit". Alors mon cerveau se tends , se force à me trouver un sujet. Un sujet qui m'aiderait, un sujet qui ferait que je deviendrais carrément parfaite. Au moins mieux. S'il vous plait, au moins mieux. Je pense que si j'étais quelqu'un de mieux, je me sentirais mieux. Je pense que si je me sens si mal, c'est parce que je suis nulle et que c'est invivable d'être nulle. De pas réagir, d'être apeurée tout le temps, de prendre plus de temps pour tant de choses. 

Je passe en revue quelques photos de facebook. Certaines s'amusent, d'autres sont hospitalisées.

Le sujet est arrivé: qu'est ce que j'aime , quels sont mes désirs. Je vais réfléchir jusqu'à trouver la réponse. C'est comme si j'avais une chance, de tricher, de comprendre avant, une chance d'être la meilleure pour qu'on m'aime un peu, juste un peu. Ca serait un supplice pour moi de me coucher  sans y avoir répondu. Je ne peux pas, c'est au dessus de mes forces. Je me sentirais.. en retard. Je me sentirais nulle. J'ai besoin de remplir ma tête de reflexions. Pour me coucher en sachant qui je suis: le résultat de telle ou telle reflexion. Sachant pourquoi vivre, parce que j'aurais trouvé quelque chose, une raison, une piste, quelque chose sur quoi m'appuyer pour les prochains jours. Sinon c'est le vide total. Le néant. Le pas cool quoi. J'ai besoin de croire que j'ai un train d'avance avec les autres. J'ai besoin de pouvoir me dire que j'évolue plus vite. Sinon, pourquoi être sur terre. Pourquoi vivre si c'est pour être comme tout le monde. Non, en fait ça ca me dérange pas, peut être que on peut quand même découvrir la vie, comme ça.  Ce qui me dérange c'est que si je me sens pas supérieure aux autres dans ma tête, je me sens si nulle que c'est insupportable, tant psychologiquement que moralement. C'est pour ça que je lis, que je fais des recherches, que je réfléchis tout le temps, que rien n'est spontané, c'est pour ça que ..que j'ai tant travaillé, pour être meilleure que tous les autres. Et quand j'ai arrêté, je me suis sentie si nulle que j'ai voulu mourir. Que j'ai fais une depression. Je suis trop mal "naturellement", alors pourquoi ça serait mal, de me remplir de choses? Elles s'incrustent en moi, m'apprennent. C'est assez angoissant, mais ça le serait bien plus de me trouver vide, face à moi. Face à toutes ces images qui reviendraient me hanter, de nullité. nulle nulle nulle! Pourquoi je pourrais pas être à la même hauteur que tout le monde?  Mais parce que personne n'a la même valeur! Depuis quand a t'on la même valeur? Il y a toujours eu ceux du dessus, ceux du dessous, ceux qu'on ignore, ceux qui existent en silence. De toute façon, j'ai bati tout mon fonctionnement comme si j'étais la dernière des connes, y'a pas de raisons que je change! peut être que croire le contraire, ça donnerait tord a des gens que j'aime. On dit ça tout le temps. Il faut "croire en soi". On a "tous de la valeur". Pourquoi on met de la valeur sur quelque chose qui vit. Ca ne se vend pas de toute façon. Comment on ose accorder plus de valeur à certains animaux qu'à d'autres? Pourtant on est si habitué que ça ne dérange personne.

Et si on se donnait pas de valeur on aurait du mal à vivre. On aurait du mal à justifier les choses. On a besoin de repère pour se voir soit même. Mon grand frère m'a donné mes repères, pourquoi j'en prendrais d'autres? 

Peut être parce que maintenant je suis plus une petite fille. peut être parce que maintenant lui n'est plus un petit garçon. 

Pourquoi croire en moi? Est ce que tant qu'on est vivant on peut faire des choses bien? Est ce que ça met pas trop de pression? Je veux pas faire des choses bien, juste pour me donner bonne conscience. Je veux juste être bien et faire ce qui me plait. Basta. 

Il me reste plus qu'à taper "pourquoi croire en soi" sur google, et j'irais me coucher, je serais rassasiée, je me coucherais avec l'idée que j'aurais laisser sur du papier quelque chose qui prouvera que ma journée aura servi à quelque chose. Prouver que j'ai réfléchit. Je dois prouver que je suis pas nulle? Non, c'est pas ça. J'essaie de trouver des choses qui vont au delà. Des choses que personne ne trouve, que personne ne sait. Voilà la pression que je me met, parce qu'elle va au dessus de tout le monde. Depuis quand je me sens capable de faire ça, moi? Depuis que c'est la condition que je me suis mise pour me dire que j'étais pas la pire des personne. Ou une des pire, ça suffit.

Je serais rassasiée parce que simplement j'arrive ET à saturation, ET au moment ou je suis assez rassurée pour la nuit. Pour dormir. Quoi qu'il arrive, j'ai des pensées de secours. Quelque chose dans la tête, à portée de main.